mercredi 17 mai 2017

un poète mort pour la France


Frédéric ESMEZ est né le 20 juin 1890 à Vittel.
Son père, Maxime Arthur ESMEZ, originaire de Poussay, a 33 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Marie Aline née LIEBAUT, originaire de Bévaincourt, est âgée de 32 ans.

Les parents s'étaient mariés en 1884 à Blévaincourt avant de rejoindre Vittel.




Le couple s'installe dans cette ville de Vittel et tient commerce au 3 Place de Dames ( recensement de 1886 ), puis au 4, Place de l'église ( recensement 1911 )

























C'est dans une ambiance de ville de cure du début du XX° siècle au sommet de son activité thermale que Frédéric vivra son enfance et son adolescence. Ces années folles, traversées par la belle époque, les villégiatures à la mode et les cures prisées par un public aisé, seront l'univers quotidien de sa jeunesse.










Il quittera ce milieu privilégié pour celui de Nancy où l'art nouveau nourrit depuis quelques années les projets les plus ambitieux. C'est dans ce cadre qu'il poursuivra ses études à l'établissement de la Malgrange de Jarville. Ensuite ce sera l'école Polytechnique de Notariat à Paris avant de devenir clerc de notaire à Toul juste avant la guerre.

Cette vie bien remplie  n'empêchera pas Frédéric de rester fidèle aux enseignements de son oncle maternel, le chanoine Liebaut d'Outremécourt, amoureux de la plaine des Vosges et spécialiste de la vieille forteresse de la Mothe. Ce prêtre initiera son neveu aux découvertes des vestiges historiques et à la lecture des témoignages du passé.



Il permettra au jeune homme  de développer une passion pour l'histoire régionale et la richesse des langages locaux. Juste avant la guerre, Frédéric ESMEZ avait contribué à de nombreux articles dans la Pays Lorrain où il avait acquis une certaine renommée et côtoyé des auteurs comme Alcide Marot ou Emile Badel.

I) "De la mitre au bassinet"
sorte de chroniques de légendes lorraines

II)  " Moman Brûlot"
essai de psychologie lorraine







Il a écrit trois ouvrages













III) " Mémoire de guerre", livre posthume préfacé par Alcide Marot

Correspondant de l'Académie Lorraine du Couarail, du Pays Lorrain et de Vittel Journal, il alimentait ses chroniques de nombreux récits sur la Lorraine témoignant de us et coutumes de notre région. Un avenir littéraire certain se dessinait pour Frédéric qui collaborait avec Marot, Badel ou encore Barrés dans les publications régionales d'avant guerre.
Voici ce qu'écrivait l'Impartial de l'Est: " L'auteur a étudié le type lorrain et l'a reproduit avec soin. Il faut l'en remercier et l'en féliciter: tant de gens qui barbouillent du papier semblent s'attacher à ennuyer leurs contemporains"




Le mois d'août 14, c'est la mobilisation. Frédéric se rend au Centre de recrutement de Neufchâteau. Il sera incorporé comme caporal brancardier au 169° Régiment d'Infanterie.



" Souvent, comme on le voit dans sa dernière lettre, rentré à la tranchée après une de ses lentes processions de douleur et de secours sous la grêle des balles, il se retrouvait chroniqueur et poète, et, paisible annaliste, retraçait en tablettes de guerre émues les scènes dont il avait été le témoin" 

A. Marot.




Le 1° juillet 1915, le 169 ème R.I. débarque à Sainte Menehould où il est mis à disposition du 32ème C.A.. Le soir du 2, il relève à la Harazée et au Bois de la Gruerie des unités très éprouvées par plusieurs jours de combat. Les Allemands avaient attaqué sans relâche dans ce secteur depuis quelques jours. Appuyé par une forte artillerie, le 169 ème R.I. a  réussi à progresser; le terrain est complètement bouleversé par les obus ennemis.



Le 14 juillet les troupes françaises exécutent une attaque sur une crête qui domine la Fontaine-aux-Charmes. Elles s'élancent résolument. en dépit de l'entrain manifesté par tous, l'objectif atteint un instant ne peut être conservé. l'attaque reprend l'après midi, à 4 heures. 
Les Allemands résistent avec acharnement et leurs premières lignes ne peuvent être abordées.





C'est au cours de ces combats, aux abords de Sainte Ménehould que Frédéric Esmez sera mortellement blessé par des éclats d'obus alors qu'il donnait des instructions pour creuser une fosse en première ligne au nord de la Harazée,

"Ce n'est guère avant trente ans qu'un homme possède assez d'autorité pour se faire écouter de ses semblables" disait son ami le poète toulois Roger Roussillon.

Trente ans, Frédéric ne les aura jamais.

En 1975, les Etudes Touloises du quatrième trimestre terminaient une article sur F. Esmez par cette phrase: " On ne peut que regretter cette jeune valeur, malheureusement fauchée en herbe"



Extraits du journal de campagne du 169 ème R.I.





Bibliographie et références:


  • Acte de naissance Frédéric ESMEZ, site des Archives Départementales des Vosges 4E528/14-82757-1890 Vittel
  • Extrait recensement de Vittel 1896. Site des Archives Départementales des Vosges 6M1098-111077-1896 Vittel
  • Affiche établissement thermal. Photo personnelle
  • Gravure forteresse de la Mothe, photo personnelle
  • Jaquette " Moman Brûlot" aux éditions Vagner & Lambert 1911 Nancy
  • jaquette "de la mitre au bassinet" aux éditions Jouve 1919 Paris
  • Extrait récit juillet 15 du 169 ème R.I. aux éditions Chapelot Paris
  • photo Frédéric Esmez extraite de sa fiche du sit Genweb, Richard Perrichon, licence CC BY NC SA 2.0.
  • Fiche militaire de Frédéric ESMEZ Extraite du sute Mémoire des Hommes
  • Journal des marches et opérations  du 169 ème R.I. , du 1/06 au 31/12 / 1915, site Mémoire des Hommes